Les danseurs de la fin des temps

Publié le par Bill

A la nuit tombée, l'esplanade s'anime progressivement et les joueurs de feu entrent en scène, silhouettes illuminées et enluminées s'élevant dans les airs pour une danse gracieuse dans le vide spatial et temporel. Ils jouent avec les flammes et nous les regardons fascinés par ce feu qui, dans des temps immémoriaux, protégea nos ancêtres des animaux sauvages, de la peur et de la solitude. Flammes brûlantes frôlant les corps en sueur. Sang et or, jaillissant en mille étincelles dans le ciel nocturne au rythme d'une musique concrète, pulsation du choeur de la terre. Emotion dans la foule.
Nous sommes les danseurs de la fin des temps, hérauts inconstants de l'éphémère ; notre vie se joue sur nos émotions, plaisir de l'instant vite évaporé, échappée belle d'une vie parfois chloroformée, faim d'une culture moins étriquée, ouverte sur l'essence de l'être et s'adressant à tous les sens en lettres capitales.
Ecriture magique dans le noir presqu'absolu où nous devenons des ombres, contrepoints indispensables d'une fresque intemporelle. Oubli garanti des frasques laborieuses de pantins desarticulés. Bouche bée mais muets, nous nous ouvrons à l'extase du moment, rendu plus beau encore par sa fugacité. Et la dernière flamme lancée, nous nous enfonçons dans la nuit, comme dans le ventre mou mais si doux d'un oreiller.

Publié dans à quatre mains

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