Noeud ferroviaire
Les trains se croisent comme les destins, mais ils finissent toujours par s’arrêter dans une gare où montent et descendent des voyageurs, ma journée a été marquée par un événement rare qui m’a rempli d’émotions mais aussi de perplexité sur les lois du hasard.
En quelques minutes dans la gare de ma douce préfecture j’ai du laisser repartir vers sa contrée plus au Nord, ma ch’ti pingouin préférée (la femelle du pingouin ne s’appelle pas pingouine !) qui venait de passer une semaine dans ma demeure ursine. Son visage quasi invisible à travers les vitres du wagon avait à peine disparu que je me précipitais dans le tunnel pour rejoindre le quai d’en face où devait arriver le TGV de Paris à Nantes.
Quelques minutes s’écoulèrent, je me plaçais à la hauteur du repère où devait s’arrêter la voiture numéro 15.C’est là précisément que je vis apparaitre le sourire de ma fille cadette toute heureuse d’accompagner une quarantaine de bambins (pratiquement que des petits garçons me dit-elle d’un air déçu), elle portait un tee-shirt jaune imprimé au logo de l’organisateur de la colonie de vacances dont elle avait la responsabilité.
Trois minutes à nous retrouver, quelle situation étrange, je lui glissais un sachet de très fins macarons aux amandes rapportés d’un récent voyage en terre rémoise, bientôt le strident sifflet du chef de gare annonça la départ puis ce fut la fermeture des portes, avec son bruit si sec, je ne vis plus que ses cheveux châtains qui grimpaient l’escalier car c’était un train à étages.
En quelques minutes deux êtres si chers à mon cœur avaient été emportés par cette machine inexorable qui pouvait nous emmener si vite et si loin. Comme il est loin le temps des trains de sénateurs, tout va si vite, si fort, si haut. J'avais comme un noeud au fond de la gorge..
Au fait 40 ans plus tôt, jour pour jour, j’avais posé ma tête sur la Lune mais elle n’avait pas voulu la garder…..