Les grandes oreilles

Publié le par Hugoal

En vacances on oublie tout ou presque, hier soir c'était la finale de la Champion's League (Coupe d'Europe) de football, la fameuse Coupe aux grandes oreilles pour ceux et celles qui ne seraient intéressés que par la remise de l'objet.

Dès 19 heures je me précipitais sur la table du restaurant de l'hôtel où je séjourne, c'était sans doute un peu tôt et au bar attenant la propriétaire, à qui je n'ose donner d'âge, versait un dernier verre du soir à ses clients, survivants d'une autre époque, avec qui elle échangeait quelques banalités mais aussi des souvenirs d'un passé commun.

Enfin je pus passer ma commande et pour simplifier je prenais une famélique salade de tomates et un steak haché frites que je souhaitais saignant mais que l'on ne pouvait me servir qu'à point, norme d'hygiène alimentaire oblige me fut-il précisé, j'avalais donc les tranches de tomate au goût de plastique puis la viande en carton  fut absorbée à son tour, seul le pain contrairement à l'habitude n'était pas en papier mâché, le tout sans aucun plaisir, si ce n'est celui toujours apprécié de contempler l'océan jetant ses vagues sur le petit port local, et jusqu'au pied du café du phare qui dresse ses vives et tranchantes couleurs face à cet horizon sans fin.

L'heure du match approchant je regagnais ma chambre, j'eus le temps de découvrir qu'une photo que j'avais envoyée par mail était parvenue à sa destinataire et qu'un message très joyeux se trouvait sur la boite vocale de mon téléphone portable.
Comme c'est beau toute ces techniques modernes de communication, rien ne peut nous échapper, ou presque, car depuis le début de mes congés j'ai reçu au moins une dizaine d'appels urgents pour des raisons qui vu d'ici, me paraissent bien futiles.
Seules quelques voix comptent réellement, et l'une d'entre elles espérait sans doute me parler autrement que par messagerie interposée, mais hier soir le temps était compté, et le match s'annonçait de qualité, le top du top en matière d'équipes de clubs, vous rendez compte "El Barça face à Man U" comme disent les spécialistes de banlieues, autrement dit le FC Barcelone avec ses stars, Eto'o, Henry, et le Messi (mais si....) face à Ferdinand, Rooney et surtout Christiano Ronaldo pour Manchester United.

Tout pour une belle soirée....sauf le téléviseur si petit que sur les plans larges je ne voyais que des petites fourmis, engoncé que j'étais au fond de mon lit, et puis l'image semblait floue, rapidement malgré un bon début des Anglais se furent les Catalans (surtout pas Espagnols!) qui marquèrent et l'image du téléviseur s'obscurcit davantage et la position et la fatigue liée à l'air marin commencèrent de m'endormir, la mi-temps arriva somme toute (si l'on peut dire) très vite, j'appelais alors mon fils qui avait eu la chance dans sa jeune vie d'aller sur les stades des deux équipes en présence, c'est un vrai routard, lui, à ma grande surprise je le le trouvais, à ce qu'il me dit dans un café bar des Grands Boulevards, autour de lui, un brouhaha incroyable, il devait pratiquement hurler pour que je l'entende un peu, après que je lui ai dit que j'étais seul dans ma chambre d'hôtel il me fit remarquer justement que j'aurais du moi aussi aller communier avec d'autres dans un bar du coin, sans doute avait-il vu juste, ce n'était pas raisonnable de s'enfermer seul pour un tel moment, et de plus les événements qui suivirent montrèrent la justesse de ses propos.

La deuxième mi-temps débuta et l'Indien (Argentin) de Manchester  Tevez eut à peine le temps de montrer son visage terriblement marqué et de faire son entrée que l'image de mon téléviseur disparue derrière un brouillard typiquement britannique puis s'effaça tout de go pour faire place à un écran bleu de mer (non pas ce soir, merci) qui m'indiquait que je n'avais pas de signal, et pendant plus de 20 minutes ce fut la douche écossaise, quelques secondes d'images et de son (cela faisait au moins radio), puis plus rien, puis superbes images, puis plus rien, je pestais, enrageais, les autres chaines fonctionnant, je grimpais sur une chaise pour contrôler les branchements de l'antenne, mais rien n'y fit, il fallait se rendre à l'évidence, c'était cuit, un sort avait été jeté......

Puis tout sembla rentrer dans l'ordre, je m'avançai, quittai mon lit douillet, me couvrai d'un gilet et me collai au pied du téléviseur, et bien m'en prit, car soudain un centre fut décoché de la droite par le remarquable lutin qu'est Xavi (c'est un diminutif) le ballon passa au dessus des géants de la défense britannique et là, juste au bon endroit, on vit s'élever dans les airs le sauveur au numéro 10, l'immense Messi plaça du haut de ses un mètre soixante et quelques, une tête d'une précision et d'une intelligence phénoménale, le tout quasiment sans effort, et d'une façon miraculeuse la balle alla se poser en douceur dans le fond du but anglais, à 2-0 la messe était dite et malgré leurs derniers rushes emplis d'orgueil et de combativité, les Anglais durent s'avouer vaincus.

Belle soirée pour le football, le meilleur du soir l'avait emporté, Platini pouvait se montrer fier d'être Président de l'Europe du football et d'avoir à ses côtés le roi d'Espagne, le prince d'Angleterre, Zapatero (mais aussi en tant qu'hôte indésirable, Berlusconi) mais nul n'est parfait et surtout pas le football, c'est pour ça qu'on l'aime....

Publié dans foule sentimentale

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