C'est pas du cinoche

Publié le par Hugo

Ces dernières semaines je suis allé voir 3 films et après un temps de réflexion, d’imprégnation, il en ressort maintenant un sentiment très puissant que ces films comportaient un lien fort et qu’on pouvait même y trouver une sorte de cohérence systémique. .

Si les thèmes semblent très éloignés,  au fond le caractère profondément humain, humaniste même des sujets abordés est évident, le premier « The Ghost Writer » aborde la manipulation des politiciens par le monde des affaires et à travers le terrible destin de deux nègres successivement appelés à écrire la bibliographie d’un Homme d’Etat occidental apparemment retiré des affaires du monde, il rappelle que toute vérité n’est pas bonne à dire et que sa recherche demeure plus que jamais un jeu très dangereux.

Dans le second film « Precious » le personnage principal constitue quasiment à lui seul la synthèse de toutes les situations de discrimination sociale, femme, noire, obèse, fille mère et qui plus est incestueuse, handicap complémentaire mais quasi inévitable au vu de son milieu de vie quotidien, gavée d’images télévisuelles , elle est analphabète, par contre elle possède un talent pour les mathématiques repéré par son professeur qui va lui permettre de suivre les cours d’une école alternative, ce film est explicitement violent tant les rapports humains y sont montrés sans compromis, rapports du quotidien d’une population livrée à l’aumône de l’aide publique, aide exclusivement financière où le système ne veut pas voir ce qui s’affiche sous ses yeux, les tricheries, les brutalités, les renoncements, le film est pourtant plein d’optimiste et si le personnage principal semble pouvoir s’élever progressivement, en particulier par l’apport de l’éducation, des connaissances et de la culture, c’est au prix d’un affrontement permanent avec son milieu d’origine dans laquelle la mère (remarquablement jouée par Mary Lee Johnston) apparait comme un bourreau et une victime parfaitement complémentaire.

Puis vint le temps de « Shutter Island », film présenté comme un thriller psychologique mais qui pour m’est apparu comme une véritable dénonciation politique de la société américaine et de sa capacité à aliéner toute volonté de remise en cause, si le prétexte initial est une enquête policière dans le cadre d’un asile perdu au milieu des flots noirs et pour le rejoindre le personnage principal devra payer un premier tribu avec un mal de mer qui va le jeter dans tous les sens du terme aux pieds de son adjoint, ce premier traitement particulier ne sera  rien à côté des faveurs que les habitants de l’île vont lui infliger.

A peine arrivé les deux policiers de service vont comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus (encore que….) tout est mis en œuvre pour réduire leur capacité d’intervention, la première chose étant de leur confisquer leurs armes, rapidement ils doivent se faire à l’idée qu’ils sont prisonniers de cette ile, et si la population d’aliénés est omniprésente, ce n’est pas d’elle qu’ils vont avoir le plus à craindre, bien au contraire les personnages les plus cultivés, les mieux élevé, s’avéreront très vite être de redoutables prédateurs….

Peu à peu le héros (c’est Leonardo Di Caprio ) va se retrouver au centre de toutes les vindictes et un traitement  (dans tous les sens du terme) va lui être proposé, il en découlera un final ahurissant et dont les dernières images laissent ouvertes toutes les possibilités de fin mais le sens profond du film qui se passe dans la période de la guerre froide tente de démontrer que l’hydre fasciste peut prendre de multiples aspects et comme l’hydre de Lerne. on aura beau lui couper la tête celle-ci repoussera inexorablement sauf si un Hercule des temps modernes n’en vienne enfin à bout (au prix de sa vie) .

Nous voilà petites femmes et petits hommes entre les mains de tous les apprentis sorciers, il ne fallait pas, aux temps si anciens, laisser Lucy faire.

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