Chronique vacancielle (5)

Publié le par Hugo

Le beau temps s’installe enfin, j’ai décidé de remonter par la plage jusqu’à la station balnéaire qui se trouve à environ 5kms au Sud, le vent est encore présent, je dois malgré tout me couvrir, la marée est basse et à plusieurs centaines de mètres on aperçoit les tracteurs qui font leur va et vient, la zone de Conchyliculture est immense et s’étend sur plusieurs kilomètres de long, plusieurs exploitants et coopératives y sont implantées, en ce samedi après-midi l’activité bat son plein, ça et là on aperçoit quelques amateurs avec des sceaux et des outils qui glanent quelques trésors cachés.

Je me trouve bientôt très seul, loin de tous, car sur la plage proprement dite on ne trouve personne, la fameuse station balnéaire est encore lointaine, le soleil devient de plus en plus chaud, je croise une première difficulté, bien que nous soyons à marée basse, une anse se présente et au milieu un filet d’eau assez important s’écoule, je dois déchausser et je m’avance prudemment car si l’eau est claire, je ne distingue pas vraiment la profondeur, n’ayant pas enfilé de maillot de bain, il me faudra assumer, je passe sans encombre, mais une fois de l’autre côté je m’aperçois que devant moi il n’y a que des passages d’eau similaires à celui que je viens de traverser, je suis nu pieds, mais il va me falloir déchanter car le sol est jonché non seulement de galets mais aussi de coquilles de moules et d’huitres dont certaines présentent un aspect tranchant menaçant, sagement je remets mes chaussures de marche toutes neuves, grand bien m’en prend car je peux progresser nettement mieux, les passages d’eau se succèdent avec parfois des vitesses de débit d’eau surprenant (l’eau redescend comme aspirée par la mer).

 Je suis maintenant à quelques encablures de la station promise, partout des piquets sont dressés avec dessus de grands sacs contenant des huitres, par contre de nombreux rochers marquent la plage et des bateaux sont posés, inertes, sur le sable, parmi eux un magnifique hors-bord que je prends en photo sous tous les angles, ce voyageur ailé comme il est gauche et veule ainsi que l’aurait dit le poète dans une vie antérieure.

Je touche enfin au but et sur la plage je distingue quelques personnes assises sur des chaises pliantes, la plupart sont âgées, portent des chapeaux pour le soleil et sont accompagnées d’un chien, je remonte sur la grève, une rue typique des stations balnéaires se présente avec son enfilade de maisons, ici le style local amène une variété de couleurs, en dessous une jetée est aménagée et suit la plage qui s’enfonce au cœur de la cité. Je cherche un endroit pour me poser un peu et boire quelque chose, en contrebas de la rue, je découvre un golf, des dizaines de voitures sont garées et partout on distingue les joueurs poussant leurs caddies bardés de cannes, vu de loin leurs allures frôlent le ridicule, ils ne retrouvent leur grâce, pas tous, qu’au moment où d’un geste extrêmement rapide et souple ils envoient la petite balle blanche vers le trou lointain et parfois invisible au profane.

 J’ai enfin trouvé la rue principale et ses magasins, bars, et aussi florilège d’établissements bancaires, il faut dire qu’on y trouve aussi un casino. Je prends un café à une terrasse malheureusement à l’ombre et tout cela pour un prix digne de la Capitale, bon ça fait du bien quand même. Je suis maintenant au centre de la station, une place est entourée de maisons anciennes et imposantes parmi lesquelles plusieurs restaurants avec vue sur la mer, il faut reconnaître que la plage est sympathique et trouve le moyen de mélanger, la baignade (pas ce jour) le farniente et le bronzage, quelques très jeunes filles téméraires s’y osent, mais aussi les promenades à cheval, sans compter les passages de tracteurs qui continuent leurs navettes, il faudrait que je revienne à marée haute, dans les jours qui viennent la météo s’annonce favorable.

Il me faut envisager le retour et je ne souhaite pas retraverser toutes les zones humides de l’aller malgré l’attrait du littoral, le soleil est maintenant très chaud, mais je m’engage le long de la départementale, le chemin va s’avérer long mais j’en profite pour m’imposer un rythme de marche soutenu et bien cadencé qui me laissera sans doute des souvenirs le lendemain matin au réveil.

 Le soir est venu, dans le centre de vacances un mariage est accueilli, des dizaines de voitures arrivent en même temps que moi, il faut voir tous les gens affolés, cherchant dans le dédale de bâtiments le lieu précis des retrouvailles, les costumes sont de sortie mais pas pour tout le monde, certains convives me paraissent assez négligés pour un tel événement, et ce ne sont pas des jeunes sans éducation apparemment….

Puis vint l’heure du match France-Roumanie, dès 20 heures je m’appropriais l’unique téléviseur, je finis par être rejoint par plusieurs vacanciers, le match débuta très bien, les Tricolores étaient très en jambe et les Roumains à la peine ne sortaient pas la tête de l’eau (ce n’est pourtant pas du water-polo ?), mais le gardien adverse, la barre et la maladresse firent que le score demeura vierge à la mi-temps, après un échange téléphonique avec Alexandre qui restait optimiste sur la suite, le match repris et de fort bonne manière car le roi Henry se trouva fort à propos pour exécuter enfin le portier roumain, les français semblaient se mettre à l’abri et les adversaires du jour étaient à genoux, depuis le début du match les Français avaient du tirer une quinzaine de fois au but, les Roumains deux fois, mais le destin veillait et sur une contre attaque anodine, suite à un centre certes appliqué, un défenseur Français tendit la jambe pour contrer le ballon, mais ce geste anodin, mille fois tenté et réussi s’avéra mortel pour notre équipe, le ballon allant terminer sa course au fond des buts de notre gardien qui n’avait rien eu à faire de la soirée (et n’aura plus rien d’autre à faire), un véritable hold-up, les Bleus repartirent, quelques changements furent effectués, mais le ressort était cassé, et le moral avait changé de côté, l’Afrique de Sud reste accessible mais il va falloir beaucoup ramer, à suivre…..

Publié dans reveries

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article