Huit mars

Publié le par Eva Gabonde

Parfois, trop rarement, la "lucarne magique"  apporte un éclairage intéressant sur un sujet.  La chaîne parlementaire vient de m'en offrir un exemple au travers  d'un "docufiction" consacré  aux premières tentatives des femmes pour obtenir le droit de vote.  En 1919,  une proposition de loi prévoyait d'octroyer aux femmes  le droit de voter aux municipales.  Les arguments employés à l'époque pour refuser ce droit  sont peu différents de ce qu'on entend encore parfois aujourd'hui pour justifier les inégalités entre les hommes et les femmes.

Je suis toujours étonnée de voir la crainte manifestée par une partie de la population mâle devant la possibilité de donner un peu de pouvoir aux femmes. Si encore l'exercice du pouvoir par les hommes était de haute qualité, je pourrais comprendre. Mais quand j'observe que la majorité de nos élus ne font pas grand chose pour le progrès social mais beaucoup pour leur propre progrès, je me dis que le risque ne serait pas bien élevé pour la démocratie si les femmes partageaient ce pouvoir.

De là à penser que les hommes protègent surtout leur bastion et veillent à assurer leur propre bien être, même si c'est au détriment d'une partie de la population, il n'y a qu'un pas que je franchis sans coup férir.
J'observe la même chose lorsque j'ose évoquer la question de l'égalité professionnelle : les hommes qui me font face montent immédiatement au créneau. Ils m'expliquent benoitement que leur voisine ou leur collègue gagne plus qu'eux et que je dois donc inventer cette inégalité. Fi donc que cet écart inexpliqué entre les salaires soit une réalité que de multiples lois non appliquées réprouvent. Pas question de revendiquer des clauses qui permettraient l'application de ces lois. Que les femmes qui travaillent rentrent donc dans leurs foyers et y élèvent leurs enfants plutôt que de venir réclamer, ricanent les opposants.

Je ne suis pas une féministe acharnée, ni une suffragette, mais simplement une femme qui a eu l'occasion tout au long de sa vie de se heurter à l'égoïsme masculin. Je ne compte plus les travaux que j'ai effectués et qui ont permis à des mâles suffisants de se rengorger en les présentant comme les leurs. Je ne compte plus le nombre de fois où on a tenté de me réduire à des activités qu'on n'aurait jamais imposées à un homme. Je ne compte plus le nombre de fois où des hommes ont voulu m'imposer leur volonté. Et je continue à affirmer que je refuse d'être dominée par un homme quelles que soient ses qualités au seul pretexte qu'il est un homme.

Le débat sexiste qui a dominé la présidentielle l'année dernière, au cours duquel on nous a expliqué qu'une femme serait incompétente pour présider me parait bien triste au regard de ce que nous avons vécu depuis. Petit mais homme, celui qui a été élu ne m'a démontré en rien qu'il avait la compétence et les qualités nécessaires pour notre pays mais il m' a démontré qu'il avait en tout cas la capacité à faire en sorte que son sort à lui soit meilleur.

Chaque année, le Huit mars, je suis donc un peu plus en colère de voir combien lentement la situation évolue.

Publié dans billet d'humeur

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