Pour une belle sonnerie, c'est une belle connerie

Publié le par Hugo

Une amie me contait récemment ses mécomptes dans l’univers de la grande distribution et concluait en indiquant que somme toute elle se disait que rien ne valait une bonne épicerie de quartier, je sus par la suite que cet attrait tenait aussi à la qualité du dialogue qu’elle pouvait avoir lors de ses achats épisodiques chez son épicier arabe, car connaissant les lieux je me rappelais que pour ce qui était des possibilités d’approvisionnement alimentaire ou autre, cela restait du domaine du dépannage.

Et bien lorsque je fais mes courses les critères déterminants pour moi sont les prix bien sûr, la gamme et la variété des produits, mais aussi et surtout la possibilité de ne pas perdre de temps, en particulier à la caisse, ce qui est hélas de moins en moins le cas car je trouve que les caissières sont de moins en moins nombreuses et les attentes en caisse de plus en plus longues, le développement de caisses automatiques me laissant pour l’instant septique, ayant commencé, cela fait maintenant si longtemps, ma vie professionnelle dans la grande distribution aux prémisses de l’arrivée de ce monde nouveau, l’un des ingrédients de base à l’époque était bien de faire passer le plus vite possible les clients à la caisse, car il n’était que difficilement compréhensible de voir ce que l’on voit maintenant trop souvent les files d’attente en caisses empêcher la circulation fluide des clients entre les rayons. Finissant mon parcours professionnel au Service Public de l’Emploi je ne peux pas me réjouir de la disparition probable du métier de caissière.

Ma dernière mésaventure au passage d’une caisse me laisse cependant perplexe mais tiens davantage au contexte technique de ce moment nécessaire.

Lorsque j’arrivais en caisse en ce milieu d’après-midi du mois d’Août, je me réjouis de constater que les files d’attente étaient très courtes, et encore plus à la caisse qui prenait ma carte dédiée à cette enseigne et qui permettait d’avoir quelques rares réductions qui se cumulaient et qui de temps à autre me donnait de recevoir un bon d’achat  à valoir bien évidement sur mon prochain passage. Devant moi un groupe de 3 personnes avaient apparemment acheté quatre ou cinq articles alimentaires, ce ne serai donc pas long, erreur profonde car ces mêmes personnes avaient également achetés des produits électroménagers  (c’était le jour d’une promotion de 20% sur ce rayon) et présentèrent plusieurs bons d’achat, la caissière parue désemparée et se sentit obligée d'appeler un responsable, je compris que celui-ci allait venir dès qu’il le pourrait sans garantie d’une venue rapide.

Bigre j’étais foutu car j’avais étalé mes achats sur le tapis et derrière moi, d’autres clients à la carte magique s’étaient installés, la file d’attente grossissait à vue d’œil et le temps passait. Enfin un homme d’une trentaine d’année arriva d’un pas vif, je me revoyais à mes débuts, courant partout pour satisfaire le client (mais c’était encore souvent vrai aujourd’hui dans mon métier pour répondre aux usagers lorsqu’il m’arrive d’être au poste d’accueil), après de rapides et visiblement claires explications la caissière demanda aux clients de régler leurs achats, il voulait faire un crédit, c’est la femme qui positionna la carte, la caissière s’affaira à agrafer les documents d’achats mais la cliente ne savait pas ce qu’elle devait taper sur le petit clavier, nouvelles explications du genre 1 pour, 2 pour « ah bon alors je veux 2 » « mais ça ne marche pas » « recommencez » « non vous dis-je, ça me dit opération refusée » alors la caissière imprima un bon et indiqua à la cliente que celle-ci avait déjà dépassé le montant du crédit qui lui était alloué, « bon maugréa la cliente » visiblement dépitée, je pensais qu’elle allait annuler son achat,  ce qui prendrait, je l’imaginais déjà, encore du temps, mais non bien qu’apparemment pas contente, la dame paya comptant et s’en alla retirer enfin ses achats.

C’était enfin mon tour, j’allais franchir la dernière étape et le portillon pour récupérer mes achats dans le fameux caddie que je tirais, soudain une sonnerie retentit et une lumière rouge clignota juste au moment où je dépassais le fameux portillon, me voilà dans l’œil du cyclone, j’avais comme toujours mon arsenal de téléphones et de clés, la caissière souriant m’invita à revenir en arrière et à repasser, nouvelle sonnerie…. c’en était fait j’avais quelque chose à me reprocher, la caissière me demanda si j’avais acheté ma chemisette ce jour, j’étais quasi abasourdi, alors j’aurais pu avoir voler cette chemisette, restons zen, il y avait un malentendu, je lui dis que l’avais depuis quelques temps, et voulait cependant vérifier, je lui dis très cool que je ne me voyais pas faire un strip-tease dans le magasin, heureusement elle acquiesça à cette remarque (la cliente derrière parue déçue), ce qui me convainquit à moitié car dans le même temps elle prit son téléphone en main et appela la sécurité, j’imaginais déjà l’arrivée de quelques gaillards mal élevés qui me prieraient sans ménagement de les suivre, mais sur ce point elle me rassura très vite, je lui proposai de contrôler l’étiquette de ma chemise car dans ce magasin la plupart des vêtements portent une marque précise, je lui offris mon cou de condamné et la guillotine de ses mains s’abattit sans qu’aucune douleur ne se fasse ressentir, elle n’avait rien pu voir et me dit que je pouvais régler mes achats et qu’il me suffirait d’aller voir l’agent de sécurité un peu plus loin.

Mon parcours du combattant se poursuivait et l’heure s’avançait, je trouvais le fameux agent tout près de là, ce n’était pas le gaillard prévu mais un homme jeune et souriant (méthodes modernes me dis-je cependant sur mes gardes) il me demanda de lui confier mon portefeuille et de passer le portillon,  je fis le pas en avant puis en arrière et là surprise rien ne sonna, alors il passa mon portefeuille et la fameuse sonnerie retentit, la lumière clignota mais au même moment mon cerveau s’illumina  d’un souvenir évident, j’avais mis l’étiquette d’un achat de CD dans mon portefeuille pour une raison stupide car je craignais d’avoir  un problème avec cet achat quand j’avais déballé le produit pour lire les titres de l’album lors de mon retour de Paris dans le train, pour une belle connerie c’était une belle connerie, et pour une belle sonnerie ce fut une belle sonnerie…….

Publié dans Petits métiers

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