Fille Delors, dame de plomb

Publié le par Anna Conda

Les Anglais ont eu, en leur temps, leur dame de fer et le parti socialiste français vient de découvrir sa dame de plomb, celle qui change l'or en plomb. N'étant pas au parti socialiste, j'ai suivi, comme tout un chacun, les péripéties d'un congrès manoeuvrier, manipulateur par presse interposée. J'en suis restée effarée et en tant que citoyenne de base, je me vois forcée de constater que dans cette histoire c'est essentiellement le peuple qui a perdu.

Cette dame de plomb, qui ose en appeler aux syndicats après les avoir bafoués de son mieux à l'époque où elle était au pouvoir, me semble surtout instrumentalisée par le satyre de Chicago. Il est difficile pourtant de trouver quelqu'un qui soit plus irrespectueux des femmes que ce politicien qui, en toutes choses, ne sert que ses propres intérêts d'homme gonflé de son propre ego.

Il ne suffit pas de se prétendre à gauche pour devenir d'un seul coup, après avoir été très amie avec les grands patrons, l'égérie du grand rassemblement socialiste. 
La citoyenne de base que je suis est profondément choquée de ce tir de barrage qui visait à  couper la route à une équipe dont l'objectif clairement avoué est de modifier profondément les règles d'un vieux parti archaïque.

J'ai quand même observé quelques petites choses : par exemple, quand la dame de plomb, l'ermite de Ré, le bobo de Paris ou le financier de Chicago  parlent  d'un parti de militants, ils parlent en fait d'un parti de notables. Demander réellement l'avis des adhérents de leur parti leur pose un vrai problème : que peuvent ils savoir de la politique ces petits adhérents à qui l'on demande surtout de financer leur parti par leurs cotisations ? qu'ils se contentent donc ces petits adhérents de vivre leur dure réalité quotidienne qui n'est pas faite pour l'estomac fragile des vrais politiciens !  

Quant à ceux qui sont reconnus par eux comme des militants, ils sont traités, à leur insu, comme de simples instruments :
D'abord on les charge de distribuer par tous les temps, les tracts (tâche indigne du notable qui ne va pas se noircir les mains à l'encre du quotidien),
puis au bout de nombreuses années après leur avoir inculqué la ligne qu'ils doivent suivre, ils ont une petite chance, s'ils sont remarqués par les notables, d'accéder à des tâches plus enthousiasmantes : organiser des réunions par exemple,
enfin, s'ils sont toujours dans la ligne et au service des notables, ils se voient offrir de petites prérogatives complémentaires : diriger une section voire même une fédération s'ils ont donné suffisamment de gages.

Pas étonnant dès lors que la droite regrette les dissensions du PS en rappelant qu'elle a besoin d'une opposition avec  laquelle elle peut travailler.
Pas étonnant dès lors qu'on traite d'hystériques ceux qui veulent un souffle nouveau, un parti d'adhérents qui s'émancipent des notables.
Pas étonnant non plus qu'autant de gens soient attirés par le supplément d'âme apporté par une équipe qui ne reconnait pas le droit aux éléphants de se garder le pouvoir délétère de penser à la place des autres.



Publié dans billet d'humeur

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