Carottes à la vichyssoise

Publié le par Eva Gabonde

De lointaines clochettes cacochymes grelottent faiblement dans le soir et la brume fantasque brouille les cartes.

Sur la place Napoléon III, j'ai croisé et reconnu des notables, pas encore ventripotents, arborant l'air satisfait d'une dame patronnesse  qui s'en revient de visiter ses pauvres et retrouve la chaleur douillette de sa belle demeure. Le coeur proclamé à gauche mais le portefeuille bien fermé à droite, ils dissertent sur le sort du monde et goûtent sans faim la saveur des mets les plus subtils.

Je viens de lire sans en croire tout à fait mes yeux, qu'à Vichy vient de se tenir une conférence européenne sur l'intégration des immigrés. Ce fut l'occasion pour un de nos ministres, au regard le plus froid qui soit, d'annoncer que les étrangers souhaitant s'installer en France devront apprendre notre hymne, "son histoire et ses valeurs", celles ci étant "un jalon important de l'intégration". Ce chant que j'ai appris, toute petite, n'évoquait guère pour l'enfant que j'étais que des soldats sanguinaires courant la campagne et a contribué à me convaincre que l'homme est un loup pour l'homme.

Drôle de société que celle qui exclut, drôle de société que celle qui exalte le patriotisme voire le nationalisme, drôle de société que celle dont la valeur première est l'argent...

Publié dans billet d'humeur

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